Une personne toxique, vraiment ?
Publié le : 2017-02-09 à 22:00. Par : Nadine Fortin, PCC, P.Eng., PMPAvertissement : Cet article risque d’en choquer plus d’un. J’espère qu’il en fera réfléchir au moins autant.
Mettre des étiquettesNous, les humains, excellons à mettre des étiquettes. (Cela commence dès l’école avec les TDA avec un H ou pas de H, les dys-ceci, les dys-cela, etc. Mais je n’entrerai pas dans cette polémique.) On aime catégoriser. Et quand ça ressemble à quelque chose, on a tendance à mettre la même étiquette. |
C’est normal, notre cerveau fonctionne par associations, parce que ça nous permet d’apprendre plus vite.
Il y a une étiquette qui revient de plus en plus souvent et qui me fait mal, chaque fois qu’on y fait allusion : toxique. L’employé toxique ou le patron toxique. Je n’y crois pas à cette étiquette et je vais vous dire pourquoi : parce qu’on me l’a collée sur le front. Et pourtant, ceux à qui j’ai donné le privilège de vraiment me connaître savent que je n’ai rien de toxique. J’ai aussi coaché des femmes qui ont reçu cette étiquette, et elles n’étaient pas toxiques. Se faire dire qu’on est toxique, ça fait mal. Profondément et longtemps.
Orienté résultats versus orienté relations
Tant qu’à parler d’étiquettes, en voici deux pour démystifier la toxicité : « Orienté résultats » et « Orienté relations ». Présumons que la plupart d’entre nous avons une préférence plus ou moins importante vers l’un des pôles, avec plus ou moins d’affinité vers l’autre extrémité.
On a tendance à croire que les personnes orientées résultats sont indifférentes aux relations. C’est faux et même c’est absurde. Elles ont tout autant besoin d’avoir de saines relations humaines que les personnes orientées relations. Les personnes orientées relations, quant à elles, sentent la nécessité de renouveler la relation et de l’entretenir à chaque interaction voir même entre les interactions.
Ce sont surtout les personnes orientées relations qui qualifieront celles orientées résultats de toxiques. Les personnes orientées résultats traiteront plutôt celles orientées relations d’incompétentes — et le feront sentir. C’est tout aussi cinglant.
Une distribution normale
Mes observations et mon expérience m’amènent à croire que les gens se situent entre les deux extrêmes selon une distribution normale. C’est-à-dire que la majorité des gens savent plutôt bien équilibrer les exigences d’accomplir les tâches et les besoins d’assurer de bonnes relations humaines, même avec une préférence pour l’un ou l’autre.
Plus la préférence vers l’un ou l’autre des pôles devient forte :
- plus on a de la difficulté à prendre en considération l’autre côté
- plus on est marginalisé
- plus on est perçu toxique pour les gens à l’opposé
Probablement qu’on retrouve des gens réellement toxiques à chacun des extrêmes — mais vraiment à l’extrême. Ça laisse quand même un très grand nombre de personnes qui ne sont ni toxiques ni incompétentes.
Au lieu de se blesser avec ces qualificatifs, pourrait-on essayer de se comprendre ? Dans le fond, on est l’envers d’une même médaille en or !